des chefs d’œuvres en milieu carcéral
de et par Céline Caussimon
« – On va se promener dans un tableau…
– Non, madame, pas ce mot! Moi quand je sors d’ici, ce mot “se promener” je le mets à la poubelle! »
Van Gogh, Basquiat, Picasso, comment un détenu parle-t-il de chefs-d’œuvre ?
Accompagnée du vidéoprojecteur qu’elle utilisait en prison, Céline Caussimon nous fait vivre son expérience personnelle d’ateliers d’écriture menés à Fresnes, Fleury-Mérogis et autres centres de détention. A travers le regard sensible de ces personnes marginalisées, le public redécouvre la force de ces œuvres. Il entrevoit aussi la vie dans le milieu pénitentiaire.
Fenêtre sur les arts, ce spectacle rappelle l’enrichissement intellectuel qu’apporte la culture, tous milieux confondus.
Créé en novembre 2023 au Théâtre Le Local, Paris 11ème suite à une résidence à la bibliothèque Desnos de Montreuil (93) et aux Scènes Nomades de Brioux (76)
Il a également été présenté en médiathèques et en festival théâtre sur la saison 2023/2024
Mise en scène : Sophie Gubri
Iconographie et vidéo : Tristan Sébenne
lumières : Camille Dugas
son : Michel Winogradoff
Compagnie Les Apicoles
Projet accompagné par l’ADAMI – Déclencheur de talents
NOTE DE L’AUTEURE
J’ai écrit « Je n’ai pas lu Foucault » pendant que j’animais en prison des cycles d’ateliers d’écriture autour de la peinture. Ces ateliers, je les avais conçus en pensant à ces espaces hors du temps que sont les lieux de détention. Je suis intervenue dans huit établissements de la région parisienne. Je suis entrée en prison, sans certitude. Je ne venais pas dispenser un savoir, mais tenter de partager une émotion, de convoquer la sensibilité. Ici, c’est le temps de l’attente. Les détenus qui participent à un atelier n’ont rien à prouver, seulement du temps à passer. Ils viennent par curiosité. Et malgré leurs mauvais souvenirs de l’école, ils s’assoient à une table, un stylo à la main, et se prêtent au jeu de l’écriture. J’ai été bouleversée par ces rencontres improbables, éphémères, par l’intelligence et l’acuité de ces regards. Plus que je ne l’avais imaginé. J’ai voulu en donner témoignage.
Raconter comment peuvent se rencontrer deux mondes qui semblent aux antipodes, celui de la culture savante et celui des abimés de notre société.
Raconter comment dans ces lieux de violence, on trouve intelligence et humanité.
Oui, le dialogue est possible.
Je voudrais par ce spectacle faire entendre ces voix, amener à regarder ces tableaux que l’on croit tous connaitre, avec les yeux de ceux qui les ont découverts. Ils ont écrit ce qu’ils voyaient. Et ce qu’ils ont écrit est d’une justesse et d’une profondeur sidérantes.
Céline Caussimon
Bande-annonce: Je n’ai pas lu Foucault
crédit photo: Xavier Cantat