de Gerald Aubert – Création 2013
Mise en scène de Bruno Bernardin
Avec Isabelle Rougerie, Jean David Stepler, Hervé Masquelier Musique Carlos Leresche
Copyright: Axel Perez
Presse
« Pas d’esbroufe dans la mise en scène de Bruno Bernardin mais une direction d’acteur serrée pour éviter tout numéro d’acteur. Et l’interprétation n’appelle donc aucune critique. Isabelle Rougerie campe parfaitement l’infirmière qui sait dédramatiser sans infantiliser et
qui, pleine d’empathie malgré son professionnalisme, y laisse parfois, peut-être même à chaque fois, des plumes. Le jeu de Jean-David Stepler est également remarquable pour restituer le malaise existentiel qui assaille le malade déstabilisé, quasiment en rupture avec le réel, focalisé sur sa petite personne, obnubilé par un diagnostic pressenti comme grave et pessimiste aupoint d’avoir choisi pour livre de chevet « Le pavillon des cancéreux » de Alexandre Soljenitsyne. Quant à Hervé Masquelier, il se taille la part du lion avec une partition ciselée qui cerne de manière éloquente la solitude du retraité qui ne parvient pas à remplir le vide de journées scandée par le rythme des repas devenus son unique plaisir. Il apporte beaucoup de nuances de jeu au personnage de vieux misanthrope qui, sous couvert d’une sénilité affichée, instrumentalise son entourage, ce qui ne l’empêche pas d’être facétieux et d’agir presque à l’insu de son plein gré de manière compassionnelle.
Un spectacle à voir absolument. » Froggy’s Delight
« C’est une danse de vie et de mort où l’être humain passe sans cesse du dérisoire à l’essentiel. La mise en scène de Bruno
Bernardin l’a bien senti : elle aiguise chaque sensation mais relie chaque moment par un air de jazz joyeux ou désinvolte. Dans un jeu chafouin, souterrain, roublard, Hervé Masquelier compose un malade difficile avec une belle truculence, à la Michel Serrault. Son partenaire, Jean-David Stepler, à l’opposé, intériorise ; il dessine joliment au pastel tout ce qui traverse un personnage blessé et secret. Isabelle Rougerie, enfin, est l’infirmière : elle sait exprimer l’insolite caché de cette femme apparemment banale qui ose, parfois, franchir la ligne jaune. Voilà un instant qui nous touche comme une nouvelle de Tchekhov, qui était médecin des corps et des âmes. » Gilles Costaz – Webthea
« La mise en scène sobre laisse toute son importance aux mots : les deux lits se meuvent – sur d’agréables morceaux jazzy – au gré des scènes qui correspondent aux temps forts d’une journée à l’hôpital (repas, sieste, nuit). Le lit de l’un est tantôt en avant ou en retrait, privilégiant ainsi les paroles et les maux de chacun, ou bien les deux se retrouvent côte à côte, au même niveau. Au même niveau, puisqu’à partir du moment où Renoir s’installe et enfile un pyjama identique à celui de Bertillon, le jeune n’a plus l’ascendant sur le vieillard et la perte de dignité et d’humanité s’accroît. La pulsion de mort est d’autant plus forte que la chambre 108 donne sur un cimetière, comme si elle en était l’antichambre, et c’est cette angoisse qui sera le moteur de la discussion houleuse et à contretemps des deux hommes. » Ivanne Galant – Regarts
Résumé de la pièce:
Pendant les quelques heures qu’ils partagent dans la même chambre d’hôpital, deux hommes redoutent une fin de vie certaine, l’un condamné par l’âge, l’autre par la maladie. D’un côté, Bertillon est un retraité hypocondriaque sans illusions sur la vie. Il a élu domicile à l’hôpital pour tromper la solitude de l’âge. De l’autre, Charles Renoir est un homme rigoureux, cadre asocial, il séjourne pour dépister un éventuel cancer. Par manque de chambre individuelle, ces deux personnalités vont devoir cohabiter et partager un instant de vie, une intimité. Vieillard envahissant, Bertillon a pris l’habitude de déverser sa philosophie de comptoir sur ses voisins de chambre au grand dam de Renoir. Sous le regard tendre et professionnel de leur infirmière, ces deux hommes, soumis aux soubresauts de leurs angoisses et de leur désenchantement, vont se subir, se heurter et lentement apprendre à se connaître. Avec un humour féroce, l’auteur nous invite à parcourir les étapes de la prise de conscience qu’occasionnent la vieillesse, la maladie, la solitude et la peur de disparaître. Cette pièce, loin d’être une simple comédie, évite le pathos et nous offre un un vrai moment de vie comme une ode à la joie. Celle qui émane de l’humain, quand celui-ci se rappelle qu’il a un coeur. « Ils n’ont pas le même âge, pas la même histoire. Leurs peurs sont différentes, leurs caractères incompatibles. Leurs désirs et leurs espoirs n’ont aucun point commun. Leur rencontre est un pur hasard et ils doivent faire avec. Parce que c’est comme ça. Parce que c’est la vie. La seule chose qu’ils partagent, au fond, c’est l’angoisse d’être seul. Et aussi, bien sûr Janine, l’infirmière. Parce que si, elle n’a pas toutes les réponses, elle a, au moins, les pansements. Chambre 108 est une comédie sur ce qui nous inquiète et nous rassure. » Gérald Aubert